Les apports de la médecine chinoise dans l’alimentation équine

La médecine traditionnelle chinoise : principes de base

acupuncture equineLa médecine traditionnelle chinoise repose sur un ensemble de pratiques, dont l’acupuncture, la phytothérapie, le massage (Tuina), la gymnastique (Qi Gong) et bien entendu, la diététique : l’alimentation fait donc pleinement partie de cette médecine. Par ailleurs celle-ci s’illustre par un ensemble de concepts (type Yin-Yang, Cinq éléments, etc.) qui ont pour objet d’expliciter aussi bien le fonctionnement de l’organisme que celui de l’ensemble du vivant considéré dans sa généralité, et ce en utilisant toutes sortes d’images empruntées à la culture de l’empire chinois antique (ces images qui nous font souvent sourire) pour représenter un ensemble de connaissances remontant à plusieurs milliers d’années de pratique.

Que nous dit la médecine chinoise sur l’alimentation, qui peut nous aider à mieux nourrir nos chevaux ? Prenons l’exemple de la fameuse théorie dite “des Cinq éléments” (Bois, Feu, Terre, Métal, Eau), où à chaque élément correspond un ensemble de choses fonctionnant en synergie, notamment :

  • Au Bois correspondent le Foie, le printemps et la saveur acide. On peut interpréter cela en considérant que le Foie est à son maximum d’énergie au printemps, et qu’à cette saison on peut le renforcer pour l’année à venir en lui procurant des aliments acides : p.ex. légumes verts acides, oseille, fruits acides (jus de citron, mandarine,…), coing, pomme, sésame, préparations fermentées, etc. On y apprend également que puisque le Foie atteint sa plénitude énergétique au printemps, il sera en vide énergétique à l’automne, qui sera donc la saison la plus propice à un drainage hépatique (en d’autres termes, on soutient le Foie au printemps en lui apportant des aliments qui renforcent son action, et on le draine à l’automne avec des substances qui le nettoient).
  • Au Feu correspondent le Cœur, lété et la saveur amère. Il convient donc de renforcer le Cœur en lui apportant, pendant l’été, des aliments amers tels que le pissenlit, la chicorée scarole, les endives, les graines de soja, le germe de blé, la menthe, l’ail, la cannelle, les préparations fumées…
  • À la Terre correspondent la Rate, lintersaison et la saveur douce / sucrée. On peut donc soutenir la Rate en lui apportant du doux et du sucré, comme par exemple de la carotte cuite, de l’orge, du cresson, du maïs, du seigle, de la laitue, de l’huile de sésame, du miel, des dattes, des figues, des bananes, de la pastèque, des poires, des pommes, du raisin, des aliments trempés, etc. Il est à noter que le chinois ne considère pas que la Rate atteigne sa plénitude énergétique à une saison particulière, mais qu’elle se recentre entre chacune des quatre saisons. Certains proposent de la renforcer de préférence à la fin de l’été.
  • Au Métal correspondent le Poumon, lautomne et la saveur piquante. On renforce l’énergie du Poumon en lui apportant, durant l’automne, des aliments piquants : carotte crue, son, chou rave, radis, ciboulette, aneth, gingembre, menthe, noix, noisette, cacahuètes, ail, cannelle, poivre, aliments séchés et concentrés…
  •  Enfin, à l’Eau correspondent le Rein, lhiver et la saveur salée. L’énergie du Rein est soutenue durant l’hiver par un apport d’aliments salés : la pierre à sel évidemment, mais aussi les aliments conservés dans le sel, les algues, l’avoine, l’orge germée, le foin de Crau, etc. Les drainages rénaux se pratiquent de préférence à la saison de minimum énergétique du Rein, c’est-à-dire au début de l’été.

Il est cependant important de préciser qu’un drainage ne se fait qu’en cas de besoin.

Application à l’alimentation équine

plantes-medicinalesIl va de soi que l’on parle ici de leur apporter une quantité raisonnable de ces saveurs dans leur alimentation : l’excès est tout aussi nocif que le manque.

Lorsque l’on travaille en médecine chinoise (comme par exemple dans la pratique du shiatsu équin), on peut évidemment ajouter une dimension de régulation des déséquilibres possibles de chaque élément en s’aidant, notamment, de l’apport d’une ou plusieurs saveurs qui sauront au choix réguler, tonifier, ou au contraire inhiber l’action des organes en déséquilibre et ainsi restaurer l’équilibre énergétique.

Il va sans dire que la médecine chinoise s’intéressant à tous les aspects de la vie des individus, la prise en compte de ces quelques principes diététiques s’inscrit dans une logique plus large, qui comporte également en parallèle à une alimentation raisonnée, un ensemble de pratiques qui veillent au maintien de l’équilibre énergétique, c’est-à-dire tout simplement à la bonne santé, et qui touchent à l’exercice physique régulier, aux pratiques manuelles (Tuina mais aussi Shiastu qui se base sur les principes de la médecine chinoise), l’usage d’une pharmacopée naturelle le cas échéant, et bien entendu la fameuse acupuncture.

Pour en savoir plus :

Marie Julliant (2013), Ouma Te Ate, médecine traditionnelle chinoise et shiatsu sur les chevaux.

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