Effets du réglage de la muserolle sur le cheval : résultats

Les photos illustrant les différents types de réglages ont été prises sur une muserolle pull-back combinée. Ci-dessus, une muserolle non attachée.

Résultats

  • Rythme cardiaque et variabilité de ce dernier : augmentation significative du rythme cardiaque + baisse de sa variabilité dans le cas d’un cheval avec muserolle serrée (NAUN) durant le test + période de récupération.

journal.pone.0154179.g002   journal.pone.0154179.g003 

  • Température oculaire : augmentation conséquente de cette dernière entre la phase d’observation et le test dans le cas d’une muserolle serrée, puis forte baisse lors de la phase de récupération.

journal.pone.0154179.g004

  • Comportement/ Mâchouillement : forte baisse lors du « test » pour l’ensemble des chevaux (et proportionnelle au réglage), voire absence dans le cas d’une muserolle fortement serrée (qui inhibe donc ce comportement), reprise lors de la récupération / Idem pour la déglutition. Présence d’un rebond post-inhibiteur dans tout les cas, au moment de la récupération. / Aucun bâillement durant le test, peu importe le réglage, mais à nouveau présence d’un rebond post-inhibiteur.

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  • Pas d’observations entre le test et le clignement d’yeux, le mouvement des oreilles ou de la tête.

Discussion

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L’on peut observer, sur des chevaux naïfs portant une muserolle sans espace disponible, une augmentation du rythme cardiaque. Ici, pull-back combinée sans espace.

Les résultats de la présente étude démontrent que l’on peut observer, sur des chevaux naïfs portant une muserolle sans espace disponible, une augmentation du rythme cardiaque, une baisse de sa variabilité et une augmentation de la température oculaire par rapport aux chevaux portants une muserolle ajustée à 1 doigts, 2 doigts ou non ajustée. Les chevaux étant à l’arrêt durant la collecte des données, ces variations ne peuvent donc pas être attribuées à une activité physique.

  • L’augmentation du rythme cardiaque, la baisse de sa variabilité, et la hausse de la température oculaire sont attribuées depuis des études précédentes à un indicateur physiologique de stress : l’absence d’espace au niveau de la muserolle suggère donc que ce réglage entraîne un inconfort conséquent (2 causes possibles: inhibition de comportements normaux ou à douleur).
  • Présence réduite voire absence de comportements « naturels » (déglutition, mâchouillements, etc.) durant le test : la muserolle serrée a la capacité de les inhiber en réduisant le mouvement mandibulaire. Ce qui est de toute façon l’un de leur objectif, dès lors que l’ouverture de bouche est sujet à pénalité en compétition. Toutefois, le réglage de la muserolle peut être un facteur parmi d’autres (impact des deux mors ? habituation ?)
  • La muserolle serrée a la capacité de les inhiber en réduisant le mouvement mandibulaire / Ici, passage d'un seul doigt sur une pull-back combinée

    La muserolle serrée a la capacité de les inhiber en réduisant le mouvement mandibulaire / Ici, passage d’un seul doigt sur une pull-back combinée

    Forte augmentation de bâillements lors de la période de récupération, bâillement considéré comme déclenché par un état émotionnel négatif et/ou un léger stress. Il pourrait donc être un mécanisme de « détente » suite à l’arrêt de la pression.
  • Présence d’un rebond post-inhibiteur pour l’ensemble des comportements oraux (fréquence du comportement supérieure à la période d’observation, après une période d’inhibition). Toutefois, quelle est la part liée au mors, et celle liée à une réelle inhibition, par exemple pour le mâchouillement ?

Par conséquent, l’usage d’une muserolle combinée fortement serrée (restreignant donc les comportements oraux naturels) viole la règle de la FEI suivante : « Une muserolle ordinaire ne doit jamais être trop serrée afin de ne pas blesser le cheval ». Au regard des résultats obtenus, les administrateurs du sport équestre devraient décider quel comportement oral éliminer, au nom du sport.

Limites

La présente étude cherche à fournir des résultats généralisables à un large nombre de chevaux de compétition (c’est notamment pour cela qu’a été choisie la muserolle combinée, vu son utilisation fréquente). Toutefois, il est important de noter que les chevaux étaient naïfs à cette muserolle ainsi qu’à la bride (et ont donc réagi à ces deux éléments). Il serait donc souhaitable de reproduire l’expérience avec un seul mors, ou pas de mors du tout : en effet, la perte de mobilité pourrait être lié à l’ensemble muserolle combinée + double mors.

Par leur statut de naïfs, les chevaux n’étaient également pas habitués (alors qu’une partie des chevaux sortant à haut niveau le sont) : il aurait pu dès lors être intéressant de s’intéresser à ces derniers, et à quantifier l’impact de l’habituation sur des muserolles serrées (une exposition à long terme).

Conclusion

Il serait requis lors de compétition de vérifier que chaque cavalier a effectué un réglage correct de sa muserolle: ici, pull-back combinée avec un espace de 2 doigts.

Il serait requis lors de compétition de vérifier que chaque cavalier a effectué un réglage correct de sa muserolle: ici, pull-back combinée avec un espace de 2 doigts.

Un cheval subit une réponse physiologique de stress lorsqu’il porte une muserolle serrée, associée à une bride complète. Des décalages significatifs ont été observés (rythme cardiaque, comportement…) et montrent que le cheval expérimente de la douleur et/ou de l’inconfort lorsqu’il n’y aucun espace libre au niveau de la muserolle ; ce réglage cause une réponse de stress, notamment en inhibant l’expression d’un comportement normal. Il est donc possible de supposer que l’impact sur le cheval augmentera davantage lorsqu’il y aura une tension de rêne et un cavalier.

De ce fait, il serait requis lors de compétition de vérifier que chaque cavalier a effectué un réglage correct de sa muserolle. De plus, la recherche d’un cheval « soumis », acceptant le mors, ne peut pas avoir lieu lorsque des équipements l’empêchent d’afficher des comportements de inconfort, et un manque de soumission. Les recherches futures devraient se centrer sur les processus d’habituation liés aux muserolles, mesurer leur tension et le niveau à partir duquel arrive une réponse de stress. Ces sujets permettraient de dissocier la part inconfort et la part liée à l’inhibition dans l’émergence de stress.

Dans les deux cas, l’usage de pressions constantes pour éliminer les comportements oraux, afin d’obtenir des avantages compétitifs risque d’être difficile à justifier.

 

Nous rajoutons toutefois que, comme dans la grande majorité des études équines, le panel demeure sur un nombre réduit de chevaux / Nous n’avons également pas davantage d’informations sur l’historique de travail de ces derniers / quid du stress lié au matériel de test auparavant inconnu (mesure), forcément variable d’un individu à l’autre ?

Sources

  • Fenner K, Yoon S, White P, Starling M, McGreevy P (2016) The Effect of Noseband Tightening on Horses’ Behavior, Eye Temperature, and Cardiac Responses. PLoS ONE 11(5): e0154179. doi:10.1371/journal.pone.0154179 / Nous les remercions encore chaudement pour l’autorisation de traduction !
  • http://equitationpassion.free.fr/reglement_international_de_dressage/reglement_inter_dressage.pdf

1 commentaire

  1. Lisa pretty riding Auteur janvier 26, 2017 (2:02 )

    Merci pour cette étude !
    En espérant qu’elle ait un impact positif sur certaines pratiques (y)

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