Les hipposandales : Pour qui ? Pour quoi ?

Inventées avant les fers, les hipposandales ont bien évolué depuis l’époque des Romains. De base en cuir, utilisables uniquement au pas, les chaussures pour chevaux ont connu un fameux coup de pouce depuis les années 70. C’est sous l’impulsion de Neel Glass (Easyboots), Hubert Tohner (Swiss Horse Boot) et David MacDonald (Old Mac’s) qu’elles ont réellement été mises en avant et rendues performantes. Avec les hipposandales actuelles, les courses d’endurance, le reining et tout autre type de disciplines peuvent se pratiquer. On est bien loin de leurs fonctionnalités du temps des Romains.

Conçues au départ essentiellement pour des besoins thérapeutiques comme le traitement des fourbures chroniques ou la maladie naviculaire, les “nouvelles” hipposandales remplissent d’autres fonctions. A tel point que certains, dont Pete Ramey (pareur naturel américain), les considèrent comme “les fers du 21ème siècle“.

Il existe de très nombreuses marques et encore plus de modèles d’hipposandales. Chacun a ses spécificités et s’adapte mieux à un certain type de sabot. La majorité des modèles est constituée de caoutchouc. Ce dernier permet d’absorber le choc, contrairement aux fers en métal. Ce pouvoir d’absorption aide les pieds sensibles à refonctionner correctement après le déferrage. Ce matériaux assure plus de confort lors de l’impact sur le talon, mais permet aussi au cheval de se déplacer de manière naturelle, ce qui est propice à la croissance des tissus.

999086_420766624709487_941886654_nOn ne répétera jamais assez souvent l’importance d’avoir des hipposandales ajustées. Le choix du modèle et de la taille ne suffit pas. Le sabot doit être parfaitement paré car des chaussures mal ajustées sont sources de frottements douloureux, tournent, se perdent et sont difficiles à mettre au cheval. Pour améliorer l’adaptation de l’hipposandales, certaines marques recourent à des semelles. Ces dernières permettent de réellement remettre le pied en état de fonctionnement, de manière douce et progressive. En fonction du type de semelle choisie, il est possible de mieux stimuler la fourchette, de limiter certain types de pression, de stimuler la pousse de la corne, d’améliorer la circulation sanguine, … En combinaison avec une vie stimulante pour les pieds au pré, après cette réhabilitation, les hipposandales deviennent souvent inutiles.

Avis croisés

Pete Ramey est le premier à  s’être servi  des hipposandales de manière innovante pour faciliter la réhabilitation. Comme il l’écrit : “Le principal problème avec les hipposandales est qu’elles dirigent les forces de réaction du sol uniquement vers la périphérie de la boîte cornée, comme le fait un fer. La paroi est ainsi contrainte d’encaisser les forces d’impact sans l’aide de la sole, des barres et de la fourchette, au contraire de ce que la nature a prévu. Les lamelles de la chair feuilletée n’ont jamais été conçues pour supporter en suspension tout le poids du cheval. Ce défaut est si important, que le seul avantage que je concède aux hipposandales “juste sorties de la boîte” est qu’elles ne sont pas aux pieds du cheval h24 /7 jours/7, mais seulement quand nous montons. J’ai commencé à voir les chevaux afficher de larges sourires quand j’ai commencé à glisser des semelles en mousse dans les hipposandales. Ces semelles permettent aux structures du pied de toutes travailler de concert, comme elles sont supposées le faire. Au début, j’ai eu du mal à trouver la qualité de mousse adéquate pour obtenir un bon résultat. La plupart des mousses assez flexibles pour faire cela s’usent trop vite. La plupart des matériaux qui résistent dans le temps sont trop rigides. Mais avec l’aide d’Easycare nous avons finalement trouvé et il existe aujourd’hui toute une gamme de semelles en mousse qui permettent des ajustements fins“.

Mais les hipposandales n’ont pas que des admirateurs. Pierre Enoff, spécialiste français du sabot, écrit dans “Le Silence des Chevaux” : “Après le déferrage, elles (ndlr : les hipposandales) sont un outil décevant parce que la prioperception reste troublée et qu’elles se révèlent vite sous-dimensionnées. Le déferrage est en effet suivi d’un élargissement de la boîte cornée, qui retrouve sa géométrie normale après la période de contrainte. La pose de sandale n’est pas un acte gratuit ni au niveau économique, ni au niveau perturbation de la prioperception. La bonne pratique consiste à préparer la boîte cornée et la texture du coussinet plantaire. Cela dit, ces sandales posées uniquement lors des sorties ne provoquent pas les dégâts produits par le ferrage. Elles rendent service aux impatients qui veulent utiliser leur monture sans attendre que le coussinet plantaire soit opérationnel“.

303687_238462366273248_930224176_nNotons cependant qu’un cheval ne sera jamais mieux que pieds nus, avec un parage adapté et suivi. Les hipposandales sont une aide, mais ne devraient pas devenir indispensables pour le cheval. Si tel est le cas, c’est qu’on en demande trop au cheval, en fonction de sa préparation et de son état général.

 

 Gaëlle Colinet

 

Sources :

Xavier Méal, “Découvrir et comprendre le parage naturel”, Belin, Paris, 2009

Pierre Enoff, “Le silence des chevaux”, Amphora, Paris, 2014

Le site de Richard Walz, parrain du pôle pieds nus : http://piedsdenfer.fr/

– Blog de Guillaume Parisot : http://podologie-equine-libre.net/

4 commentaires

  1. Soon a horse Auteur février 19, 2015 (10:49 )

    Merci pour cet article extrêmement intéressant !

  2. Olympe60 Auteur juin 26, 2015 (5:50 )

    Bonjour,
    Article très intéressant.
    Par contre, vous dites que les hipposandales ne sont pas indispensables. Ma jument pur-sang anglais est maintenant déferrée depuis quelques années mais impossible pour moi de la monter (hors terrains excellents type sable) sans hipposandales. Ses pieds restent beaucoup trop sensibles notamment aux cailloux… C’est une jument qui est utilisée principalement en endurance.
    Bonne journée.

  3. Anne LAPICOTIERE Auteur juin 28, 2019 (6:58 )

    Bonjour, article intéressant mais je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’avis de Pierre Enoff, les hipposandales étant souples au niveau de leur semelle, le cheval va justement utilisé tout l’appui nécessaire avec une chaussure qui se déforme et ne contraint pas le pied de manière rigide comme un fer. Dire que les hipposandales sont pour les impatients c’est une erreur aussi! la pluspart déferre, font parer par de très bons pareurs, mais malgré tout viennent aux hipposandales des mois ou années après le parage car le cheval présente un soucis indépendant du parage: naviculaire, problème de concavité d’os du pied en lien avec la sole….ces chevaux du coup plus sensibles que les autres, ne pourraient se passer des chaussures sous peine de boiteries récurrentes….Le problème cité de non appui sur la totalité de la sole seraient vrai si on partait sur des chaussures à semelle rigide, hors elles sont flexibles, et bien ajustées épousent bien le pied tout en offrant un fonctionnement bien plus naturel au pied qu’un fer…..bien sûr si on peut les laisser totalement pieds nus c’est parfait! mais ce n’est pas toujours possible, entre certaines conformités chez certains chevaux et des régions de randonnées extrêmement rocailleuses…..

    • Fauré Auteur septembre 3, 2019 (10:11 )

      Réflexion intéressante

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