Un bref historique de l’équitation académique
Cet article est la partie 2 de 6 du dossier L'équitation académique

Par Aglaé

L’équitation académique bénéficie de remarquables réflexions d’écuyers d’horizons divers et variés. Nous vous proposons dans cet article une présentation simplifiée des origines de cette équitation, ainsi que de ses différentes évolutions au fil des siècles. Il est donc fort possible que nous ne citions que les principaux acteurs de cette évolution : si vous souhaitez avoir davantage d’informations sur les penseurs, nous vous proposons ce schéma très complet.

Sources et origines

Courbette-piliers

Courbette dans les piliers

L’équitation de tradition française est à l’origine inspirée de différents écuyers italiens et anglais de la Renaissance : Antoine de Pluvinel (1552-1620), après une formation en Italie, est le premier écuyer à créer son académie équestre en France afin de former la noblesse à “l’exercice de monter à cheval”. Cette académie enseigne également des disciplines telles que la musique ou la danse (les arts d’agrément). En équitation, il propose une méthode insistant sur l’importance de faire réfléchir le cheval et d’être “avare de coups et prodigue de caresse”.

Salomon de la Broue (1552-1610) contribue également à exporter les connaissances italiennes en France, et conseille d’utiliser un matériel plus doux lors du travail du cheval. Les bases de l’équitation classique sont posées : l’importance de prendre en compte la « personnalité » du cheval, la discrétion des aides ainsi que la recherche de légèreté. Techniquement, il réintroduit les piliers de dressage et crée les piliers doubles (encore utilisés aujourd’hui à Vienne) afin d’assouplir le cheval.

Plus globalement, son œuvre est au croisement entre la fin d’une équitation guerrière et du début d’une équitation de cour.

D’une équitation d’agrément à un retour à l’équitation militaire

epaule-en-dedans

La Guérnière

L’équitation s’enseigne désormais dans des académies et vise une population privilégiée. Cet enseignement perdurera à travers les évolutions politiques et sociales à travers l’Ecole de Versailles notamment : il est aujourd’hui considéré comme un héritage du Cadre Noir. Il est primordial dans cette philosophie de « rendre au cheval monté la grâce des attitudes et des mouvements qu’il avait naturellement en liberté » (Decarpentry).

Plusieurs écuyers ont enrichi a travers les siècles les bases de Pluvinel, notamment François Robichon de La Guérinière (1688-1751) : principalement connu pour sa modernisation de l’équitation (matériel, travail de la rectitude)  ainsi que pour les deux concepts clés que sont l’épaule en dedans et la descente de main. L’épaule en dedans permet un assouplissement externe et un renforcement du postérieur interne  du cheval, donc une amélioration de la souplesse et de l’équilibre du cheval (elle sera d’ailleurs défini par N. Oliveira comme « l’aspirine de l’équitation ») ; la descente de main est utilisée pour « récompenser l’équilibre » acquis.

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Baucher et Partisan au passage

Par la suite, Louis XV crée l’école militaire de Paris et les principes équestres évoluent : l’on recherche également un cheval adapté aux besoins des troupes et pour l’équitation d’extérieur. Le cheval doit être rapide et franc, avec des allures étendues : le Vicomte d’Aure (1799-1863) est le pilier de cette transition équestre (« lorsqu’on charge, les appuyers et les contre-changements de main ne servent pas à grand-chose » ). De son vivant, il rencontrera un vif conflit personnel avec François Baucher  (1796-1873).  Baucher pour sa part rechercha à supprimer les résistances du cheval, via notamment les cessions de mâchoires. Il édicte également le principe de « main sans jambes et jambes sans main », ainsi que la décomposition des mouvements dans une recherche le légèreté.

D’autres écuyers tels que le Général Decarpentry (qui a cherché à synthétiser les apports du Vicomte d’Aure et de Baucher – impulsion et assouplissements), Étienne Beudant ou le Général L’Hotte (le fameux « calme, en avant, droit ») complètent également l’héritage français.

L’avènement de l’équitation sportive

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Federico Caprilli en équilibre

L’équitation évolue de plus en plus vers une optique sportive : cela s’illustre particulièrement avec les apports de Federico Caprilli qui révolutionne le monde équestre avec la position en équilibre (radicalement différente de la position académique).  En parallèle, deux nouvelles écoles se créent lors du siècle dernier:

  • Nuno Oliveira (1925 – 1989) au Portugal, qui redonne ses lettres de noblesses à l’art équestre (“la sublimation de sa technique par l’amour ») et revalorise les chevaux ibériques abandonnés pendant plusieurs dizaines d’années en dressage moderne,
  • Jean d’Orgeix (1921-2006), qui mena l’équipe de France à la première place des JO de Montréal et qui fut connu pour ses méthodes novatrices.

D’autres écuyers modernes se réclament d’une tradition équestre française, tels que Michel Henriquet, Philipe Karl, Christian Carde ou Patrice Franchet d’Espèrey.

Bibliographie choisie

  • nuno-oliveira

    Nuno Oliveira

    Xénophon – Traité d’équitation
  • Pluvinel – l’instruction du roi en l’exercice de monter à cheval
  • La Guerinière – L’école de cavalerie
  • Baucher – Dictionnaire raisonné de l’équitation
  • D’Aure – Traité d’équitation
  • L’Hotte – Questions équestres
  • Decarpentry – Equitation académique
  • Etienne Beudant – Souvenirs équestres
  • Nuno Oliveira –  Réflexions sur l’art équestre
  • Michel Henriquet – Gymnase et dressage
  • Philippe Karl – Une certaine idée du dressage
  • Patrice Franchet d’Espèrey – La Main du maître

Pour aller plus loin

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1 commentaire

  1. Zmu38 Auteur septembre 21, 2015 (12:42 )

    très bon article, des fois le retour aux vieilles valeurs fait beaucoup de bien pour la culture équestre 😉 (en cours de lecture de Philippe KARL d’ailleurs :P)

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