Hommage aux chevaux de club

Article par Jessica, de Touraine Cheval

Je voudrais aujourd’hui rendre hommage aux chevaux et poneys de club. Ces équidés sont souvent injustement méprisés, car ils n’ont pas de papiers, ils n’ont pas le chic des chevaux de race, ils ne sont pas forcément champions dans une catégorie… Et bien d’autres excuses que nous, moniteurs ou responsables de club entendons régulièrement, et qui nous attristent.

Mais n’oublions pas que les chevaux de club, c’est avant tout :

  • Clean

    Clean

    des chevaux qui permettent à plusieurs générations de cavaliers d’apprendre, et de progresser. Ils doivent donc être calmes, à l’écoute et s’adapter aux différents niveaux des cavaliers. Entre le cavalier débutant qui commence à apprendre avec des gestes peu précis et le cavalier qui a plus d’expérience mais qui demande des exercices plus compliqués pour le cheval et parfois avec peu de sensibilité (faire par exemple passer une épaule en dedans en force…) , il faut une sacré patience aux chevaux, et une profonde gentillesse,
  • des chevaux qui ne mordent pas et ne tapent pas, qui vont être respectueux de l’humain, malgré le nombre de cavaliers qui passent sur leur dos et qui parfois leur demandent des choses contraires à une bonne éducation,
  • des chevaux polyvalents, qui vont être capable d’être doux et peu réactifs pour les cavaliers les moins expérimentés, et à la fois plus sanguin, pour sauter ou dresser pour un niveau Galop 7. Les chevaux doivent également pouvoir dresser, sauter, crosser, aller en balade, quel que soit la taille ou l’expérience du cavalier,
  • des chevaux non peureux, pour ne pas réagir aux différentes situations qui se présentent à eux : un cavalier qui fait de grands gestes, un parent qui prend des photos avec le flash, des cavaliers qui crient, la musique lors des fêtes de club, des bâches qui volent en balade, les chiens, les enfants qui jouent dans leurs membres…
  • des chevaux rustiques, qui supportent tout type de gabarit et qui ne tombent jamais malade,
  • des chevaux sociables, qui doivent pouvoir côtoyer tous les autres chevaux en cours, et parfois contre toute logique de mode de vie du cheval, comme lors d’un carrousel avec les chevaux en botte à botte, ou qui doivent pouvoir travailler seul,
  • des chevaux qui vont créer des liens avec certains cavaliers, qui les prendront par exemple en demi-pension pendant un ou deux ans, et puis le cavalier changera de cheval ou de club, et le cheval restera sans devoir perdre le moral….
Une séance chez Touraine Cheval

Une séance chez Touraine Cheval

Alors pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, à mon sens, les chevaux de club valent tout l’or du monde. Il est difficile de choisir un bon cheval de club, et encore plus difficile de le former pour qu’il convienne au plus grand nombre. Et surtout, il est encore plus difficile d’entendre des cavaliers dénigrer ces chevaux.

Heureusement, une nouvelle génération de cavaliers s’intéresse de plus en plus à l’animal en tant qu’individu, et non plus que comme un simple outil. Il est également de notre devoir en tant que responsable de centre, de prendre le temps d’aimer nos chevaux et surtout de transmettre cet amour aux cavaliers qui viennent chez nous. Ne pas accepter d’entendre un cavalier qui est en difficulté sur un exercice dire « oui mais c’est la faute du cheval », bannir les cravaches et les éperons, laisser nos chevaux dehors et travailler dans un respect mutuel avec les chevaux et les cavaliers. Qu’un cavalier qui a peur ou qui préfère ne pas monter mais faire du travail à pied ne soit pas raillé mais au contraire encouragé.

Il nous reste à tous encore du chemin à faire, mais le faire ensemble rend tout cela très intéressant. Comprenons ensemble la valeur de nos chevaux de club, et aimons-les comme les chevaux inestimables qu’ils sont et qu’ils méritent d’être.

Et parce que nous n’oublions pas ceux qui nous ont appris..

  • Koukou

    Kouros

    Elise: “Kouros est arrivé au club un été ; ses anciens propriétaires n’en voulaient plus, ils disaient de lui qu’il était dangereux et les embarquaient en forêt. Ce gentil cheval n’avait jamais travaillé en club avant, croisé d’on ne sait quoi mais très puissant et plus costaud que la plupart des chevaux du club, il a été qualifié de demi-trait. Avec cette étiquette, beaucoup ne l’appréciait pas, en plus il ne savait rien faire, et pour un club qui pratique le cso (certes pas en compétition mais quand même) il était plus que nul ! Il est vrai que je me souviens comme si c’était hier de ma première fois avec Kouros, sur un cours d’obstacle bien entendu ! Je crois n’avoir jamais eu aussi peur de ma vie (à cheval)… ne sachant pas sauter et puissant comme il était, Kouros était plus en monde tank que saut… et nous avons donc démolit plus d’obstacles en passant a travers que nous en avons sauté… Au final Kouros étant d’une extrême gentillesse et généreux, après de nombreuses séances nous avons réussi à lui apprendre a sauter.

Je ne sais pas pourquoi ce cheval en particulier m’a tapé dans l’oeil, mais dès lors nous sommes devenus inséparables. Je prenais soin de lui chaque fois que j’étais présente, et en échange il m’apprenait a devenir une meilleure cavalière. Nous en avons fait des choses ensemble, le meilleur c’était les balades en foret de Fontainebleau, et les randonnées, les galops à fond sur les chemins ; et les jeux aussi. Il m’a appris à longer, Kouros était très doué pour ça, car il faisait de la voltige, j’ai donc appris avec lui, ce fut mon maitre. Dans l’autre sens j’étais assez douée en dressage (plus qu’en cso lol) alors j’en ai fait un petit cheval de dressage en le sortant en concours. Alors au bout de toutes ces années d’échanges équestres avec lui, et d’amour aussi parce qu’un vrai lien s’était tissé entre nous, de nombreuses personnes du club ont finit par l’apprécier aussi. Je garde en mémoire tout ce qu’on a partagé ensemble, beaucoup de temps aussi a ne rien faire dans son box ou en liberté dans le rond. C’est quand on se retrouve quelques années plus tard et qu’il me reconnait que je sais que Kouros a été un cheval très particulier pour moi et moi pour lui. Il me manque chaque jour, même si aujourd’hui il vit une chouette vie à la campagne, au pré, et éduque les jeunes ; finit le club. Un jour je le reverrai mon Koukou !”

  • Hercule

    Hercule

    Claire: “Ayant changé plusieurs fois de poney club, plusieurs chevaux “enseignants” m’ont marqué… Tout d’abord “Tartine”, la ponette qui m’a fait découvrir l’équitation à l’age de 4 ans, d’une grande douceur… Puis tous les autres, Ocelot, Beaulieu, Galopin, Mandoline, Pinto, Otawa, Bouboule, Moon… Et surtout Idalgo, qui partage ma vie depuis 6ans, mais qui en fait déjà partie depuis 12ans… A eux, nos maitres, qui nous ont permis d’évoluer sur notre chemin.”
  • Justine: “Quand je suis arrivée dans mon nouveau centre équestre, le premier poney que j’ai monté s’appelait Clean. Ma copine en entendant ça a dit “opf la pauvre…” je ne savais pas pourquoi mais ça a été un coup de coeur en le voyant ! Un gros poney jaune, enfin isabelle, il avait un caractère de cochon, “fainéant” mais je l’adorais. Il a toujours été mon chouchou, c’était le seul en qui j’avais confiance, on pouvait tout me demander avec lui je pouvais sauter des montagnes ! Même si peu de cavaliers l’aimaient parce qu’il était têtu et paresseux moi je l’aimais pour son caractère :). Il est décédé il y a peu à 26 ans au centre équestre après de nombreuses années de bons services, il sera toujours dans mon coeur !”
  • Aglaé: “Plusieurs chevaux ont marqué ma vie.. Nounours tout d’abord, le premier poney avec qui j’ai appris à monter à cheval. Puis Ipso Factor, qui m’a fait découvrir les terrains de concours. Et enfin Hercule, que j’ai eu la chance de récupérer par la suite. Sans lui, aucune remise en question n’aurait eu lieu.. Merci mon grand!”

12 commentaires

  1. Maelie Auteur novembre 16, 2015 (10:36 )

    En plus de tout ça, ils ont la gentillesse d’accepter sans broncher les selles non adaptées, les “coups dans les dents”, le manque de soin (dentiste, osteo surtout), les punitions injustifiées et injustifiables …
    Ce qui m’a toujours impressionné c’est leur générosité, parce que si j’avais été à leur place, j’aurais juste explosé …
    Alors à tous ces loulous, MERCI !

    Une grosse pensée pour Elwood, mon petit poney de club, qui comme Clean, était mal-aimé pour sa lenteur, sa fainéantise, mais qui était capable de tout avec un peu d’amour et d’attention. Je le remercierai jamais assez de m’avoir donné l’amour du cheval et non de l’équitation ! J’espère qu’il coule toujours des jours heureux pour sa retraite !

    • lacey Auteur novembre 25, 2016 (8:07 )

      Excusez moi Maelle…mais de nos jours, nous les pros, sommes de plus en plus nombreux à faire appel à des saddle fitter pour équiper les chevaux de club. Et pour ce qui est dentiste et ostéo!!! Les miens ont un abonnement plus régulier que les chevaux de mes propriétaires…

  2. Cavalière de l'Ouest Auteur novembre 17, 2015 (10:39 )

    Très belle article, en homage à tous ces chevaux de club qui sont absolument extraordinaires et généreux et sans qui nous ne serions que de piétons. C’est vrai qu’on les critique beaucoup et ils ont souvent peu de reconnaissance et c’est bien dommage. Ce sont des perles rares !!
    On n’oublie pas son premier PDC !

  3. Claire Auteur novembre 17, 2015 (10:59 )

    Merci pour ce bel hommage, que tous ces chevaux de club méritent tant…

    J’ai reconnu à la perfection la description de mon cheval de club préféré… Me rassurant lors de mes 1ers galops, mes premiers sauts, m’accompagnant pendant 10 ans jusqu’à mon G7…
    Par la suite il m’a appris à devenir une propriétaire heureuse et comblée, et se paye aujourd’hui une bonne retraite à mes côtés, choyé comme il l’a tant mérité! Bientôt 24 ans et j’espère que nous avons encore de longues années à passer ensemble.

    Ne les oubliez pas quand ils ont terminé leur carrière de club, ces amours de chevaux ont encore tant à vous apporter…

  4. Corinne Auteur novembre 17, 2015 (7:39 )

    Je remercie mon beau trotteur réformé des courses, il s’appelait “Gabarit d’Or”, j’ai appris avec lui en club il y a déjà 30 ans, mais j’ai surtout appris à aimer les chevaux grâce à lui, il était d’une douceur incroyable, patient, calme, gentil. J’ai voulu acheté un trotteur ensuite tellement j’avais gardé un bon souvenir de lui, malheureusement le mien est moins sage et moins docile….pas grave je l’aime comme il est et je n’oublierai jamais mon cheval de club qui aujourd’hui est au paradis, il galope certainement dans les nuages, lui qui ne galopait presque jamais….Merci mon beau Gabarit !

  5. pelletier Auteur novembre 18, 2015 (7:35 )

    Bonjour petite question… Comment ce fait il qu’une de mes photo (clean) soit sur votre article? Non pas que ça me dérange mais il ne me semble pas avoir reçus de demande pour l’utilisé… En tout cas l’article est jolie et il est vrais que parfois nos loulou de club manque de considération malheureusement:(

    • Alter Equus Auteur novembre 18, 2015 (7:44 )

      Bonjour, de quelle photo s’agit-il? En effet les photos ont été transmises par nos membres lors de la rédaction de l’article, cela pourrait peut-être venir de ça. 🙂 En l’occurrence Justine pour Clean (d’où la description plus bas). Souhaitez-vous que je rajoute votre crédit?

  6. Mary Auteur novembre 19, 2015 (6:01 )

    Zebulon le shetland à Châteaulin.
    Nelly la Fjord de 28 ans qui refusait de prendre sa retraite et a continué jusqu’à sa mort, trop contente de promener des petits bouts de 3 ans 30 minutes par semaine…
    Héliante la Douce Espagnole, récupérée en club, qui avait été battue et qui ne voulait pas entendre parler d’une brosse près de ses oreilles…
    Sable le Magnifique Selle Français, qui a fini par péter un câble à force de tourner en rond…
    Aladin le merens-espagnol, véritable tapis volant…
    On a tous grandi avec ces super poneys / chevaux, et ils auront toujours une place dans nos coeurs, ils sont nos premières amours, et seuls les hypocrites les renient, parce qu’ils ont honte : ces chevaux leur ont révélé leurs faiblesses, leurs insuffisances…

  7. ambre Auteur novembre 20, 2015 (5:44 )

    Je voudrais juste dire qu’un vrai cavalier monte avec ses jambes pas avec c’est mains . Moi perso j’ai des eperons et c pas pour lui faire mal il faut juste savoire comment sa mache defois je vois des filles de 5 ans avec des eperons ou des cravache et ne savent mm pas sans servir . Puis les chevaux de club sont souvent agressif car il sont en box et se défoule quand tu est sur leur dos …

    • Alter Equus Auteur novembre 23, 2015 (10:24 )

      En l’occurrence, Jessica et sa structure permet à sa cavalerie de vivre dehors et en groupe, ce qui leur permet un vrai bien-être psychique. Et pas de fers, ni dans la bouche, ni aux pieds (humains ou chevaux). 🙂

  8. Elisa Auteur janvier 1, 2016 (2:45 )

    Je me souviendrai toujours de ma petite ponette shetland, Verveine, que tout le monde détestait, et rabaissait tout le temps, râlait quand ils devaient la monter, alors qu’elle était d’une gentillesse hors du commun, n’a jamais mordu personne malgré les coups de cravache et de mors dans les dents qu’elles se prenaient, malgré que les cavaliers qui la montaient étaient souvent mécontents et ne lui accordaient pas la moindre attention… Et qui étaient capable de tout, qui m’a offert des galops inoubliables sur la plage, un cso en a élite avec seulement une barre alors qu’elle n’avait aucun entraînement… J’adorais lorsque je faisais des pony games avec elle et que je la voyais d’un coup se réveiller, queue en panache et oreilles en avant, puis partir plein galop avec des petits coup de cul de joie 🙂 Lorsqu’elle en avait marre du cavalier qu’elle avait sur le dos, elle le faisait tomber, mais toujours délicatement, personne ne s’est jamais fait mal avec elle… Alors quand j’entends encore des gens qui viennent dire que “de toute façon elle était nulle […] elle avançait pas […] elle savait pas sauter…” j’ai juste envie de les faire taire…

  9. MOUILLAC Bernard Auteur novembre 24, 2016 (7:21 )

    Je me souviens du palefrenier Franz qui nous a quitté, il n était pas du tout du monde du cheval . Je le surnommais ” notre chasseur de bigorneaux ” car il était pécheur à pied professionnel . Il découvrait avec nous ce monde mystérieux pour lui et me disait qu il était étonné de constater que chaque cheval est différent . Chacun a son caractère , chacun un comportement à l approche , à l écoute , au contact ,. Certains anticipent le mouvement , le placement. Tout cela il l”avait découvert en entrant simplement tous les jours dans les boxes . Je voulais vous faire part de ce témoignage pour faire prendre conscience à tous les jeunes cavaliers que la découverte du cheval commence par l observation avant que lui même nous découvre avec nos imperfections nos exigences nos impatiences et nos craintes …

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