De l’importance de l’enseignant
Aurélia Boulineau. Le Cheval entre le subtil et la matière. Consultante “cheval au naturel”, énergéticienne, enseignante d’équitation éthique de légèreté. www.aurelia-boulineau.com

 

Il y’ a quelques temps j’ai écrit un article sur mon blog personnel sur l’importance de l’enseignant dans l’activité équestre. A la lumière de mes expériences récentes, je revisite un peu ce texte.

 Deux définitions pour commencer

L’ enseignant est un pédagogue, qui pratique l’enseignement scolaire, scientifique, technique, sportif, religieux, artistique, spirituel… auprès d’enfants, d’adolescents ou d’adultes (formation tout au long de la vie).

Aurelia4La pédagogie (du grec παιδαγωγία, direction ou éducation des enfants) désigne l’art d’éduquer. Le terme rassemble les méthodes et pratiques d’enseignement et d’éducation ainsi que toutes les qualités requises pour transmettre une connaissance, un savoir ou un savoir-faire.

Plus généralement, l’expression « Faire preuve de pédagogie » signifie l’aptitude à enseigner et à transmettre à un individu ou un groupe d’individus -de tous âges et de toutes conditions- un savoir ou une expérience par l’usage des méthodes les plus adaptées à l’audience concernée. (Source Wikipédia)

 Nous pouvons relever que les termes “compétiteur” ou “compétition” ne font pas partie de ces définitions et j’aime à rappeler qu’un bon enseignant n’est pas nécessairement (au sens philosophique du terme) un bon compétiteur et la réciproque est valable. Par contre, il est indispensable que l’enseignant ait déjà pratiqué, et même plus, intégré les savoirs, savoirs-faire, savoirs-être et ressentis qu’il souhaite transmettre afin d’être cohérent.

 Les savoirs et savoirs-faire

Les compétences techniques sont très importantes bien-sûr mais nous les résumons bien trop souvent à l’accumulation et à l’application “bête et méchante” de position d’aides « recule ta jambe », « soutiens ta main » ou à des expressions aussi vides de sens que “met du galop” ou Aurelia3“monte ton trot”, “tiens le”, “ah c’était pas la bonne”, … mais le pourquoi du comment ça… par contre…. c’est un peu le côté obscur de la force!

 C’est souvent à ce stade que l’on peut présumer de la compétence d’un enseignant. Ce dernier sera capable de ne pas employer ces expressions ou de les compléter par ” ton cheval manque d’amplitude et/ ou d’impulsion”, “il (ou vous) n’est (êtes) pas dans l’équilibre parce que …”, “ton abord était mauvais car…”. Bref il sera capable de faire un constat fin et détaillé de la situation.

 Il y a encore un dernier stade ensuite c’est d’être capable de mettre en situation le couple par des exercices choisis à propos pour améliorer la situation et cela implique bien souvent des notions de biomécanique, de psychomotricité, voir de psychologie (équine et humaine) ou d’énergétique.

 Bon là, normalement, on ouvrirait un passage sur la formation des moniteurs…. Elle est ce qu’elle est et rien ne nous empêche d’aller explorer d’autres voies.

 Les savoirs-être et ressentis

La relation enseignant / élève / cheval est un triptyque à l’équilibre subtil. La technique ne fait pas tout.

Tout d’abord, l’enseignant doit présenter quelques qualités naturelles qui me semblent indispensables à un enseignement de qualité (bon la liste n’engage que moi) comme :

  • L’empathie et la bienveillance : être capable de sentir les peurs, les doutes, sans juger afin d’entrer dans un climat de sécurité relationnelle avec son élève et le cheval.
  • La patience : Héééééééééééééééé oui! car répéter, reformuler, savoir attendre que cela soit mûr pour le cheval et/ou le cavalier est à mon sens une qualité dont nous manquons tous plus ou moins un jour ou l’autre.
  • L’adaptation : Savoir définir avec le cavaliers ses besoins, des objectifs à plus ou moins long terme afin d’avoir une ligne de conduite à suivre et savoir s’adapter à ces besoins (à partir du moment où ils sont en cohérence avec les nôtres) à chaque instant.
  • La rigueur : proposée ici sous le sens de recherche de l’exactitude et de la précision. On se contente bien souvent d’un “à peu près” et c’est après que nous le payons quand, ce que nous essayons de construire sur nos fondations instables, s’écroule.
  • La rhétorique : exprimer un discours clair, construit et argumenté pour le fond et placer sa voix et son énergie correctement pour la forme.

Aurelia2 De plus, être capable de relever quand le blocage est émotionnel  et de faire passer l’image juste afin de débloquer la partie du corps contractée implique d’avoir nous même effectué ce travail sur nous, compris et intégré l’influence des émotions sur notre corps.

 Enfin, il me semble important de rester ouvert à ce que l’élève et le cheval peuvent nous apporter comme enseignement lors de nos échanges. L’enseignant n’est pas un maître tout puissant à la science infuse. Il est un humain perfectible lui aussi soumis à une respiration émotionnelle et environnementale.

 Pour ce qui est des ressentis, cette partie sera courte non pas qu’elle soit sans importance mais, ils sont propres à chacun et très personnels voir intimes. Il me semble compliqué d’apprendre à un élève à gérer sa peur en extérieur si nous même n’avons pas expérimenté la chose auparavant.

 Trouver la perle rare est de notre responsabilité

Il est réellement important de se faire accompagner par une personne compétente, qui regarde dans la même direction que nous  et ce à tous les niveaux.

 Chacun choisira selon ses propres critères mais je vous invite à ne pas vous perdre dans les méandres du “trop d’information tue l’information“. Je pense ici à ceux qui mangent à tous les râteliers sans chercher à creuser le fond pour le discours de chaque intervenant. La raison peut être simplement un manque de connaissances, une envie profonde de bien faire ou l’appât du “brillant” (“Je monte avec le DR truc, le Professeur bidule, Saint Chose, …” ou “Vous avez vu Machin sur la B1 ce WE… c’est un de mes coach”). Bref si les intervenants ne sont pas exactement sur la même ligne, il en ressortira, à plus ou moins long terme, un maelström équestre qui ne sera bénéfique pour personne.

 Et puis, il y a ceux qui cherchent désespérément et qui ne trouvent pas. Je vous dirais, sans complaisance, j’en suis marrie (ou pas), que tout vient à point. On ne rencontre pas les gens par hasard et si les choses ne se font pas c’est bien souvent que nos besoins fondamentaux ne sont pas définis et/ou respectés.

 Une fois que nous avons enfin rencontré la personne qui nous convient, je vous invite , comme dans toute relation de couple, à éviter l’écueil de l’hyper-attachement, de la mise en place d’un “syndrome du sauveur ou du Dieu”  et surtout d’être capable d’accepter de laisser la personne sortir de votre vie quand c’est l’heure. Au delà de l’aspect humain, il est important de retenir le meilleur de son enseignement, ce qui nous correspond le plus et remercier pour l’expérience.

 

Dans tous les cas, je vous souhaite d’avoir la même chance que moi : rencontrer des personnes compétentes mais surtout pétries de qualités humaines.

4 commentaires

  1. Philippine Auteur octobre 7, 2014 (7:00 )

    Bien dit ! 😀

  2. Jessica Auteur octobre 8, 2014 (5:01 )

    Très bon article, c’est exactement les questions que devraient se poser les cavaliers quand ils cherchent un enseignant !

  3. Les chevaux d'arcand Auteur octobre 16, 2014 (7:39 )

    Je suis absolument et entièrement d’accord avec cet article qui expose le fondement de ce qui est ou non un bon enseignant : c’est celui qui ne vit pas dans le “faites ce que je dis, pas ce que je fais”.
    Au vu de la floraison massive d’étho-magico-énergético-moniteurs d’équitation, je préciserai qu’il est important de vérifier plusieurs choses :
    – si vous êtes à la recherche d’un enseignant, ne vous contentez pas des écrits ou des paroles, cherchez photos et/ou vidéos dudit enseignant afin de vous faire une idée de ses réelles compétences
    – Lorsque votre choix est arrêté, attention aux beaux parleurs, l’enseignant doit être capable travailler votre cheval au sol ou monté si besoin est, de ne pas éluder ou vous détourner de vos demandes de base par des explications plus ou moins scientifico-nébuleuses
    – Dernier garde fou, voir le ou les chevaux de cet enseignant voir ce qu’il fait avec
    J’ai encore été étonnée (pas en bien) très récemment par un intervenant pourtant renommé… d’où mon commentaire !

    • Loélia Beaufils Auteur octobre 29, 2014 (7:53 )

      De qui as-tu été étonnée Claire ?

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