Par Eva Garré
Le temps a passé et vous avez pu méditez sur l’intitulé des 10 principes fondamentaux énoncés par le comité scientifique ISES. Les voici détaillés :
Principe 1 : Travailler en respectant le comportement et les capacités cognitives du cheval
Respecter ses capacités cognitives et son comportement oui, mais il est avant tout nécessaire de savoir quel comportement opte de manière naturelle un cheval ?
Sur le papier |
Et concrètement ? |
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Votre cheval vit au pré ? |
Votre cheval vit au box ? |
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Il vit en troupeau organisé de façon dynamique, c’est-à-dire avec des liens et rangs sociaux précis entre chaque cheval. Les chevaux ont besoin de la compagnie de leurs congénères, c’est-à-dire de chevaux. |
Préférez une pension au pré en troupeau plutôt qu’une pension en box. |
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Malgré sa vie au pré, vérifiez que votre cheval peut avoir des contacts tactiles, sensorielles (ou au moins visuelles) avec un autre cheval. |
Mettez-le au pré avec d’autres chevaux. Opter pour une poule ou une chèvre pour animal de compagnie de votre cheval ne suffit pas ! |
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A l’état naturel, un cheval mange et broute environ 16 heures par jour. C’est un herbivore avant tout ! |
Très bien, l’herbe et le foin suffiront à ses besoins (avec un Complément minéral et vitaminé (CMV) adapté à votre cheval). Un cheval de sport aura certainement besoin d’un complément en ration. |
Sortez-le au pré au maximum ! Lui laisser du foin à volonté dans un filet compensera sa vie au box. |
La liberté de mouvement est essentielle au bien-être physique et mental du cheval. |
Sortez-le au maximum en paddock qu’il puisse s’exprimer. |
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Conclusion : Evitez l’isolement, la restriction de mouvement ou de la durée d’alimentation !
Principe 2 : Appliquer correctement la théorie de l’apprentissage
Vous souhaitez désensibiliser votre cheval au spray ? Vous voulez lui apprendre à faire la jambette ? Vous voulez l’habituer au bruit des tracteurs ? Etes-vous sûrs que votre procédé d’apprentissage est le bon ? Plusieurs principes d’apprentissage existent. Il est nécessaire de les adapter à chaque cheval et chaque situation.
1/ Le principe le plus connu est le conditionnement opérant, décliné en 4 formes :
Principe |
Théorie |
Exemple |
Renforcement négatif |
« Le retrait d’un stimulus aversif renforce la réponse désirée » |
On tire sur les rênes jusqu’à ce que le cheval s’arrête. Le retrait de la tension renforce la bonne réponse. |
Renforcement positif |
« L’addition d’un stimulus agréable récompense le comportement désiré » |
Le cheval approche une personne lorsqu’elle l’appelle et reçoit une carotte afin de renforcer l’approche. |
Punition négative |
« Le retrait d’un stimulus agréable punit une réponse indésirable.» |
Le cheval gratte le sol de l’antérieur et sa nourriture ne lui est pas distribuée. |
Punition positive |
« L’addition d’un stimulus désagréable punit un comportement indésirable » |
Un cheval mord et reçoit une claque sur le nez. |
2/ L’habituation est un « processus par lequel l’intensité d’une réponse est diminuée, ce qui peut se produire suite à une exposition répétée à une situation ou un stimulus donné ». Plusieurs techniques de désensibilisation sont utilisées pour atteindre cette habituation.
Principe |
Théorie |
Exemple |
Désensibilisation systématique |
« il s’agit d’une habituation progressive face à un stimulus effrayant » |
Un cheval a peur des vaporisateurs. Etape 1 : approcher un vaporisateur du cheval et le toucher avec la bouteille (sans vaporiser). Etape 2 : Lorsque le cheval ne réagit plus à cette première étape, l’étape suivante est de se tenir à quelques mètres du cheval et de vaporiser dans la direction opposée. Etape 3 : la personne peut vaporiser de plus en plus près du cheval. À chaque étape, il est essentiel de s’assurer que le cheval est récompensé uniquement pour les réponses appropriées, c’est à dire que le vaporisateur disparait ou la vaporisation s’interrompt uniquement lorsque le cheval reste immobile |
Contre-conditionnement |
C’est « l’enseignement d’une réponse incompatible (ex : manger) avec celle que l’entraineur cherche à faire disparaitre (ex : fuir) » L’objectif est d’apprendre à l’animal que le stimulus effrayant annonce maintenant l’arrivée de quelque chose de plaisant. |
Un cheval devient anxieux lorsqu’il entend la cloche en concours. Associer des conséquences positives (nourriture, arrêt du travail) lorsque le son de la cloche retentit, de façon à ce qu’elle annonce quelque chose de positif. |
Masquage |
« Lorsque deux ou plusieurs stimuli concurrents sont présentés en même temps, le masquage correspond au phénomène par lequel le cheval s’habitue au stimulus le moins fort » |
Un cheval craint les aiguilles du vétérinaire. Le véto s’approche du cheval et, dès que le cheval montre la moindre réaction de peur, le véto s’arrête. La personne qui tient le cheval lui demande alors de reculer d’un pas, éventuellement d’avancer d’un pas ensuite. Au début, le cheval est distrait et ne réagit pas au signal parce que ses mécanismes attentionnels sont focalisés sur la seringue. Puis, la personne qui tient le cheval augmente la tension sur la longe jusqu’à ce que le cheval soit à nouveau réactif à un signal très léger. Progressivement, le cheval va se focaliser sur la demande de reculer-avancer à la longe, plutôt que sur la seringue. |
Conditionnement par l’approche |
C’est anticiper la réaction de peur en arrêtant tout mouvement du cheval avant confrontation avec l’objet effrayant. |
Un cheval a peur des tracteurs. Il faut arrêter le cheval lorsqu’il s’approche de l’engin afin que la distance entre la machine (qui recule) et le cheval augmente. Il est alors à nouveau demandé au cheval de s’approcher et, chaque fois qu’il s’approche un peu plus de la machine, il lui est demandé de s’arrêter. |
Superposition de stimulus |
« Utiliser un stimulus auquel le cheval est déjà habitué pour le désensibiliser à un autre stimulus effrayant » |
Le cheval a peur des vaporisateurs. Si le cheval est habitué à être douché, le vaporisateur est introduit pendant la douche et sur la peau déjà mouillée. Le son et la sensation habituelle de l’eau sur la peau va se mélanger avec le son et la sensation de la vaporisation, le rendant moins distinct. |
Cela colle aussi pour des désensibilisations plus exotiques !
Principe 3 : Instaurer des signaux faciles à distinguer
Vous utilisez le claquement de langue pour plusieurs demandes ? Stop !
Les signaux utilisés pour obtenir des réponses du cheval doivent être clairs et distincts que possible pour que le cheval puisse facilement les distinguer. Ceci est essentiel pour limiter la confusion du cheval, ce qui peut ensuite entrainer du stress et des comportements indésirables.
Il faut que chacun de vos signaux correspondent à une et unique demande.
Principe 4 : Façonner progressivement les réponses et mouvements
Vous voulez apprendre à votre cheval à se coucher ? Prenez votre temps et élaborer un plan progressif de travail !
Enseigner un nouveau comportement au cheval implique l’élaboration d’un plan de travail. La réponse initiale du cheval doit être récompensée. Puis petit à petit, le cheval doit être récompensé uniquement pour des réponses qui se rapprochent de plus en plus de la réponse finale désirée.
Principe 5 : Travailler les réponses une par une
Vous abordez une ligne brisée lors de votre reprise de dressage ? Ne demandez pas à la fois au cheval d’avancer en gardant le contact aux jambes, en même temps de lui demander de ralentir en tendant les rênes. Un signal à la fois !
Des ordres différents donnés simultanément au cheval entrainent une confusion chez le cheval. Le cheval est incapable de se concentrer sur plus d’un signal (ordre) à la fois, car les signaux entrent en compétition pour son attention. Dans la première phase de l’entrainement, les signaux doivent être clairement distincts, pour être plus tard délivrés de plus en plus rapprochés les uns des autres.
Dans le prochain article seront détaillés les 5 derniers principes.
Principe 6 : Apprenez-lui une réponse par signal
Principe 7 : Instaurer des habitudes
Principe 8 : Rechercher la persistance des réponses
Principe 9 : Eviter et dissocier les réactions de fuite
Principe 10 : Travailler lorsque votre cheval est calme
3 commentaires
Bonjour,
Selon certaines sources « l’habituation » est non associative.
ex ici :
http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/comportement-ethologie-bien-etre/cheval-et-vie-domestique/principes-dapprentissage.html#c25437
Ce terme est parfois utilisé comme synonyme de « désensibilisation », cependant la démarche lors de cette pratique est bien généralement associative (retrait de l’élément inconfortable au moment d’un début de décontraction du cheval par exemple…).
Habituation et désensibilisation sont très différents en réalité… Là où en désensibilisation nous agissons en confrontant directement le cheval à sa peur, jusqu’à obtenir la cessation de réaction (par résignation souvent), l’habituation normalement utilisant plutôt pavlov serait par exemple de disposer un objet effrayant (comme un truc à mouche de trec) dans le parc et laisser le cheval faire tout seul (ou être là et récompenser lorsque l’on voit du plus). The many faces of Picasso expliquait cette différence avec des parapluies. Même avec douceur la désensibilisation est source de plus de stress.
s’il y a récompense, il y a association… si l’habituation n’est pas associative, l’objet est dans le pré et que le cheval ai peur ou qu’il s’approche rien ne change….