Le fonctionnement du système digestif
Le cheval est intimement lié à l’acte de manger : il est souvent énoncé qu’un cheval mange de sa naissance jusqu’à sa mort sans discontinuer, et donc que son système digestif n’est jamais vide. Il est également arrivé à un niveau évolutif très poussé, avec une spécialisation très pointue due à sa vie durant des millénaires dans un écosystème stable (et donc une perte en adaptabilité).
Le cheval était à l’origine plutôt rongeur : il garde aujourd’hui encore un tube digestif plus proche de celui des rongeurs que de ceux des grands herbivores, ainsi qu’une pousse continue des dents. Cela est encore visible au niveau de sa consommation (branches, écorces) et de système digestif fragile (tendance à somatiser les déséquilibres) et sensible. Il est donc utile de connaître son fonctionnement afin de comprendre ses enjeux.
- La bouche : fonction de mastication (broyage en fines particules) et salivation (neutralisation des sucs gastriques, jusqu’à 40L de salive produite par jour). La mâchoire est conçue principalement pour la fibre : 3500 mouvements de mâchoire pour 1kg de foin en 45 minutes. Ces mouvements agissent directement sur la satiété et l’usure des dents. Les dents ont une croissance continue, avec une usure de la couronne lorsque le cheval broute.
- L’estomac (8 à 15L) : assimilation des fibres et de l’amidon. Il est cependant difficile pour le cheval de digérer ce dernier et il l’assimile donc moins facilement. Les aliments restent 2 à 8 heures à ce niveau, qui est considéré comme le lieu de la prédigestion des protéines.
- Intestin grêle : lieu de la digestion des glucides/protéines (1 à 2h). C’est à ce niveau qu’est libérée l’énergie et que les nutriments sont absorbés (notamment les minéraux).
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Gros intestin : la présence de nombreux micro-organismes permet de dégrader les fibres (fermentation de ce qui n’a pas été digéré auparavant durant 24 à 48h). Le phosphore y est également absorbé. Au sein du gros intestin, le caecum Le caecum a pour fonction la digestion de la cellulose par des microorganismes très sensibles aux variations de ration (quantité et qualité). Les bactéries sont entre autres responsables de la synthèse des vitamines du groupe B.
Le cheval ne peut pas vomir du fait que le cardia (muscle à l’entrée de l’estomac) ne peut s’ouvrir que dans un sens. Il n’a pas de vésicule biliaire, mais produit cependant en permanence de la bile, ce qui explique l’importance de manger en petite quantité et régulièrement.
De par la sensibilité du système digestif, il est essentiel de ne pas changer d’alimentation du jour au lendemain, car la flore intestinale a besoin de temps pour s’adapter (risque de fourbure, colique dans le cas contraire voire même effondrement du système immunitaire à cause du changement trop rapide).
Le respect du fonctionnement digestif du cheval est donc essentiel pour son bien-être global : la cause la plus commune de coliques chez les chevaux est vraisemblablement la « domestication » (Etude épidémiologique descriptive de 831 cas de coliques médicales, en France dans le département des Yvelines, 1994-2004).